La présente note d’analyse du Centre d’études Jacques Georgin s’inscrit dans le prolongement d’entretiens menés avec plusieurs associations belges actives dans la lutte contre le cyberharcèlement parmi lesquelles Child Focus, Infor Jeunes et la Ligue des droits humains. Ces échanges ont permis de recueillir des témoignages concrets ainsi que des éclairages professionnels sur les mécanismes de harcèlement en ligne, les difficultés liées à l’identification des auteurs, et les limites actuelles des dispositifs juridiques. Un constat commun émerge de ces consultations : l’anonymat permis par les plateformes numériques, tout en constituant un vecteur de liberté d’expression, apparaît également comme un facteur facilitant la propagation de comportements malveillants, voire délictueux, en ligne.
Dans ce contexte, la question d’un encadrement plus strict, voire d’une remise en cause partielle de l’anonymat sur les réseaux sociaux, se pose avec acuité. L’objectif serait de mieux responsabiliser les utilisateurs tout en offrant aux victimes des moyens plus efficaces de protection et de recours. Néanmoins, cette perspective soulève des interrogations légitimes quant à la préservation des libertés fondamentales, en particulier celle de s’exprimer sans crainte de représailles. Cette note vise ainsi à analyser les enjeux juridiques, sociaux et éthiques liés à une éventuelle limitation de l’anonymat numérique, dans une optique de lutte contre l’impunité en ligne.